AG SOB
Abbaye de la Pierre-qui-Vire
8 et 9 juin 2024
Assemblée Générale
Après que le rapport moral et financier aient été présentés et approuvés, il est rappelé que la cotisation d’adhésion est maintenue à 10 euros.
Un document sur la mission et l’identité du SOB est présenté aux participants :
Développer les liens entre les différentes oblatures et les structures monastiques en Europe Francophone
Echanger les nouvelles de la vie des monastères et des oblatures
Favoriser la formation au regard de la règle de Saint Benoit
Faciliter l’entraide entre les différentes communautés
Faire connaître l’oblature bénédictine et sa spiritualité
En pratique, il est rappelé que le SOB c’est :
Une lettre publiée 4 fois par an
Un site internet
Une Assemblée Générale annuelle comprenant aussi un volet formation
La mobilisation en faveur de la participation au Congrès International des Oblats Bénédictins qui se tient à Rome tous les 4 ans.
Une élection a lieu pour les membres du Conseil. Voici la nouvelle composition du Conseil :
Présidente : Marie Menagarelli (oblate de Jouarre)
Vice-Présidente : Sophie Larrier (oblate du Bec Hellouin)
Secrétaire : Catherine Labey (oblate de Ligugé)
Trésorière : Dominique Veron (oblate d’Urt)
Françoise Pons et Bruno Richard quittent donc le Conseil. Qu'ils soient chaleureusement remerciés pour leur travail efficace et fidèle.
Les autres membres sont inchangés.
Par ailleurs, le Père Jean-Pierre Longeat de l'Abbaye de Ligugé devient leConseiller religieux du SOB
Conférence sur la liturgie avec le Fr. Patrick Prétôt
Fr. Patrick commence par rappeler quelques textes fondamentaux sur la liturgie par les pontifes romains auxquels des oblats liés à des monastères doivent être sensibles dans la continuité de l’enseignement du Magistère de l’Eglise.
Mysterium Fidei de Paul VI, grand texte sur le culte de l’Eucharistie
Catéchèses de novembre 1969 de Paul VI à propos de la mise en route du « nouveau » missel
Lettre magnifique du Pape Jean-Paul II du 4 décembre 1969 Vicesimus quintus Annus qui mériterait un vrai travail dans les oblatures.
Verbum Domini de Benoit XVI, le plus grand texte doctrinal que nous ayons reçu depuis Jen-Paul II.
Desiderio Desideravi du Pape François nous ramène aux grandes intuitions du mouvement liturgique et ce n’est pas par hasard si le Pape cite à plusieurs reprises le maître-livre du théologien Romano Guardini : l’Esprit de la liturgie.
Que faut-il retenir ? 3 choses :
Le Pape François est très soucieux de ce que Romano Guardini appelait la liturgie fähigkeit, la capacité liturgique, la capacité d’entrer en liturgie. La question est la capacité de l’homme moderne contemporain à entrer en liturgie. A ce propos, on peut renvoyer à un article d’un jésuite, le Père René Marlé, dans l’introduction à la pratique de la théologie.
Le deuxième point est l’invitation à former à la liturgie par la liturgie ; théologalement, c’est la liturgie qui fait de nous des chrétiens, qui nous forme comme chrétiens. L’axe fondamental du Pape François est l’articulation entre les deux. Nous avons besoin d’une formation sérieuse et vitale.
Le dernier point c’est la question profonde de l’unité dans la diversité. La diversité nous blesse avant d’être une richesse. Evidemment qu’elle est une richesse et que Dieu crée dans la diversité mais elle nous blesse parce qu’elle nous fait peur. Le Père Patrick cite une de ses étudiantes, une Soeur dans une communauté nouvelle, sur la formation liturgique :
« J’ai apprécié l’apport de la double approche de la formation par et pour la liturgie, mise en lumière dans sa lettre Desiderio Desideravi n°34. Cela reste pour moi une question très brûlante. J’ai pu observer dans ma communauté notamment, l’asservissement de la liturgie à des idéologies, la fausse théologie qui justifiait les changements dans la manière de structurer l’office, la manière de chanter, les particularités qui nous ont été présentées comme identitaires pour les membres de la congrégation. Tout cela a appuyé un système d’emprise très fort. Tout cela a contribué à déformer les Sœurs et c’est grâce à l’étude de ce que nous demandait l’Eglise et de ce que nous demandait la liturgie que nous avons pu nous rectifier ».
Fr. Patrick nous aide à entrer dans l’intelligence du texte à partir de la personnalité du Pape François, en particulier à partir de ses gestes ; la liturgie est un chemin privilégié de discernement spirituel pour des oblats. On a trop souvent séparé bible, liturgie, théologie, spiritualité.
Le Pape François s’adresse au peuple de Dieu : la formation liturgique n’est pas réservée à un public privilégié. C’est tout le peuple qui est concerné, chacun de nous.
Desiderio desideravi : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous ». La 1ere partie de ce texte est donc une grande méditation sur la Cène du jeudi Saint. La liturgie est un don. Elle nous précède. C’est la grâce propre des moines et moniales de recevoir ce trésor : on ne choisit pas le chant que l’on va entonner à Laudes !!!... C’est un don à recevoir parce qu’elle est le désir du Christ de nous rencontrer et de nous donner sa vie. L’attitude fondamentale en liturgie est donc les mains ouvertes. Le Pape invite donc les fidèles à :
Redécouvrir la beauté de la liturgie ;
S’émerveiller du don de Dieu ;
Une formation profonde, sérieuse, VITALE
Le Pape François part toujours de la pastorale théologique et spirituelle. Le propos c’est redécouvrir la beauté de la célébration : n° 16. « Par cette lettre, je voudrais simplement inviter toute l’Église à redécouvrir, à sauvegarder et à vivre la vérité et la force de la célébration chrétienne. Je voudrais que la beauté de la célébration chrétienne et ses conséquences nécessaires dans la vie de l’Église ne soient pas défigurées par une compréhension superficielle et réductrice de sa valeur ou, pire encore, par son instrumentalisation au service d’une vision idéologique, quelle qu’elle soit. La prière sacerdotale de Jésus à la dernière Cène pour que tous soient un (Jn 17,21), juge toutes nos divisions autour du Pain rompu, sacrement de piété, signe d’unité, lien de charité. »
Le Pape François n’aborde donc pas la question liturgique comme ses prédécesseurs. Le rapport liturgie et piété populaire en Amérique latine est premier. Il se pose comme héritier de Vatican II mais avec l’expérience d’un pasteur profondément spirituelle. Quelle est la clef de compréhension de l'enseignement du Pape à ce sujet ? C’est un texte majeur : Gaudete et exsultate.
Le Pape refuse de traiter la spiritualité comme une dimension à part de la vie. Pour lui, il y a une unité entre spiritualité, éthique, liturgie, bible, théologie. Ceci est évidemment capital pour nous aujourd’hui, en particulier à l’heure de la dénonciation des abus de conscience et de pouvoir. Une spiritualité sans discernement théologique est dangereuse. Il y a actuellement beaucoup de neo-gnosticisme. Mais une pastorale sans discernement théologique risque vite de tomber dans des recettes très mondaines. Il faut lire et relire Gaudete et Exsultate.
La liturgie ne se limite ni à des idées, des convictions, ni à ce qui se passe à l’oratoire. La liturgie est une forme de vie selon la RB.
Nous avons à cet égard un Pape qui parle par ses gestes.
Dès son élection, il s’incline et nous renvoie aux gestes de Jésus à contempler. Ce n’est pas une lubie à caractère démagogique, c’est une affirmation en actes de la liturgie par le peuple et pour le peuple. Il y a une théologie de la bénédiction. La question théologique fondamentale c’est qui est la Source de la bénédiction et la réponse du Pape est la suivante : c’est le Christ.
Le changement de style de la liturgie papale du jeudi Saint avec un Pape qui, à peine élu, va à la prison laver les pieds d'hommes et de femmes y compris de musulmanes. Ce n’est pas pour la galerie. Il essaie de traduire en actes que l’Eglise, servante des pauvres est aussi une Eglise en dialogue y compris avec les autres religions.
Les fleurs pour ne pas oublier tous les migrants qui meurent dans les eaux de la Méditerranée.
Pour le Pape François, l’essentiel est une liturgie non enclose mais ouverte sur la mission et la charité. Cela ne veut pas dire qu’il faut transformer la liturgie en manifestation. La liturgie est le premier lieu de la proposition de la foi car elle manifeste Dieu qui vient à nous, la précédence du don de Dieu, dans un monde qui tend à faire de la liturgie une performance à caractère sacré. Nous ne serons pas jugés sur le nombre de messes auxquelles nous avons assisté mais sur la charité. Le risque est grand d'être dans une perspective néo-gnostique.
La mission du baptisé confirmé est toujours de témoigner de l’Evangile du Christ mort et ressuscité. Nous sommes constitués comme peuple porteur de la bonne nouvelle du Christ mort et ressuscité. Notre responsabilité à tous c’est d’être de bons témoins de l’Evangile. Nous avons besoin de la liturgie pour entrer dans la vie de l’Esprit ; sans quoi le témoignage se perd en propagande et la charité en activisme.
Pour le Pape, la liturgie c’est d’abord une expérience mais comme toute expérience, elle n’a de valeur que si elle est relue sinon on est dans le ressenti, dans le sentiment. La formation à la liturgie est donc nécessaire pour nommer et discerner cette expérience.
Les moines et moniales ont le privilège de vivre l’année liturgique au complet. Le mystère nous est donné sous toutes ses facettes. Beaucoup de chrétiens ne perçoivent plus que le dimanche est la Pâque hebdomadaire. On perd aussi le symbolisme de la veillée pascale mais plus encore on perd le temps pascal et en particulier la fête de l’Ascension en raison des ponts. L’Ascension est aussi importante que Pâques et la Pentecôte. Elle nous dit la promesse de notre baptême. On pourrait aussi parler de la vénération de la Croix. Aller embrasser un morceau de bois n’est pas naturel. Ce qui est en jeu, c’est que la bénédiction de Dieu nous vient par la Croix : « C’est par le bois de la Croix que la joie est venue sur le monde ».
« Nous sommes appelés à redécouvrir sans cesse la richesse des principes généraux exposés dans les premiers numéros de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium, en saisissant le lien intime entre cette première constitution du Concile et toutes les autres. C’est pourquoi nous ne pouvons pas revenir à une forme rituelle antérieure que les Pères du Concile, cum Petro et sub Petro, ont senti la nécessité de réformer, approuvant, sous la conduite de l’Esprit Saint et suivant leur conscience de pasteurs, les principes d’où est née la réforme. Les saints Pontifes Paul VI et Jean Paul II, en approuvant les livres liturgiques réformés ex decreto Sacrosancti Œcumenici Concilii Vaticani II, ont garanti la fidélité de la réforme du Concile. C’est pour cette raison que le Pape a "écrit Traditionis custodes, afin que l’Église puisse élever, dans la variété de tant de langues, une seule et même prière capable d’exprimer son unité. Comme je l’ai déjà écrit, j’entends que cette unité soit rétablie dans toute l’Église de rite romain.» (Par 61)
Il nous faut entendre ce que le Pape nous dit.
Le grand défi aujourd’hui c’est de considérer la liturgie comme un spectacle que l’on évalue. Il n’y a pas d’évidence de Dieu. S’Il était évident, nous ne serions pas libres de rentrer en relation avec Lui. Discerner en liturgie est un enjeu. On cherche aujourd’hui de la réussite. Discerner dans nos vies, nous n’en avons pas envie, car c’est l’épée à deux tranchants qui nous coupe en deux. Il faut repérer les oublis ou les obstacles à la rencontre authentique d’un Dieu qui vient à nous. J’en citerais 4 :
L’oubli fondamental du nom de Dieu
Le sens du Notre Père. Nous avons une trop faible théologie du Notre Père. Nous ne pouvons pas dire le Notre Père si nous ne le disons pas dans le Christ et c’est un acte de la communion
Le sens de la bénédiction
Le sens des gestes et attitudes.
A la suite de l'intervention du fr. Patrick Prétot, notre assemblée travaille en ateliers
Notre assemblée travaille aussi sur les perspectives du SOB :
Ateliers sur le SOB
Le Père Longeat fait une brève introduction.
Dans une période de bouleversement total, nous avons tous une traversée à faire et les monastères ont un rôle à jouer. Dans ce contexte, l’alliance entre les monastères et les laïcs est déterminante. Nous sommes témoins ensemble de la manière dont nous pouvons porter le témoignage de l’Evangile en commun ? Il s’agit fondamentalement de concevoir des lieux nouveaux d’annonce de l’Evangile. Il y a là une question majeure pour les communautés monastiques comme pour les laïcs. Les communautés doivent être des lieux de ressourcement spirituelle et missionnaire où chaque vocation peut croiser les autres tout en restant bien à sa place.
Il rappelle qu’il y a aujourd’hui des réalités monastiques qui ne sont pas très reliées les unes aux autres et qui évaluent mal leur potentiel commun. Il y aurait à travailler pour que le paysage monastique puisse au minimum mieux se connaître et avoir des projets ensemble. On l’a vu au congrès international des oblats à Rome. Il n’y a pas lieu de réduire l’oblature à un espace de nourriture personnelle ou d’aide ponctuelle à la communauté avec lequel on est en lien. Nous sommes appelés aujourd’hui à un immense projet et l’évangile n’a jamais été aussi actuel qu’aujourd’hui. Il faut le vivre dans une perspective de fraternité commune !
Les échanges se centrent sur les points suivants :
Oblat et liturgie
Présentation du SOB
Le site internet
L’information et l’entraide entre oblatures et/ou oblats
Le lien entre les monastères bénédictins
Cette Assemblée du SOB fut une nouvelle fois une occasion de grande action de grâce qui comporte toujours un appel profond à la conversion ! Merci à la communauté de la Pierre-Qui-Vire pour son accueil si attentif et si fraternel.
Comments