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Retraites spirituelles : pourquoi les monastères attirent autant





Analyse

Les abbayes et monastères connaissent une hausse des demandes, et les profils des retraitants sont de plus en plus variés. Un engouement particulièrement marqué pendant les vacances, le Carême ou quand l’actualité met la vie religieuse sur le devant de la scène.


  • Alice d’Oléon,

  • le 25/02/2024 à 07:00


Entre 21 heures et 23 heures, chaque vendredi de janvier, sur le site de réservation de retraites spirituelles baptisé « Ritrit », pensé comme le Airbnb des séjours en monastère, le nombre de visiteurs a augmenté en flèche. La raison ? La diffusion à ces horaires de Bienvenue au monastère, un programme de téléréalité sur C8 qui a mis en scène six personnalités participant à leur première retraite spirituelle. Si l’émission a suscité la controverse, elle s’est traduite par un « pic de connexions et de demandes d’inscription » sur Ritrit, assure son directeur des partenariats, Augustin Marbacher.


Une explosion de la demande


Le signe d’une tendance plus large d’un certain engouement pour les retraites dans des monastères. « On observe une vraie explosion », résume Augustin Marbacher. Si en 2021, on dénombre 2 400 demandes d’hébergement sur Ritrit, le chiffre monte à 16 625 en 2022 et 51 387 en 2023. Et, pour le seul mois de janvier 2024, 8 130 personnes ont déjà effectué des demandes de retraite spirituelle.

Ce phénomène se vérifie bien au-delà de cette plateforme de réservation, et ce depuis déjà plusieurs années voire plusieurs décennies, précise la sociologue des religions et spécialiste de la vie monastique, Isabelle Jonveaux. « Une tendance qui va de pair avec celle du développement personnel, détaille-t-elle, outre le public pratiquant en recherche d’une intensification de sa foi, il y a un véritable public en recherche de soi, c’est très à la mode et pas seulement dans les monastères. »

Les responsables d’hôtellerie monastique le confirment : les demandes viennent de profils de plus en plus variés et souvent éloignés de la foi catholique. « Nous accueillons beaucoup de personnes en burn-out, par exemple. Le fait de suivre un rythme, d’être accompagné par un frère et de vivre un peu en silence constitue souvent pour eux une véritable bouée de sauvetage », explique le frère Pierre-Marie, hôtelier de l’abbaye bénédictine de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret). Le frère Jean, à l’abbaye Notre-Dame de Sénanque (Vaucluse), fait le même constat quant à « la grande diversité des parcours des retraitants ».


L’accueil, le propre de la tradition monastique


Stéphane Longeot, de « culture catholique mais non pratiquant », a vécu sa première retraite spirituelle à l’abbaye de Fleury à l’été 2023. Ce Parisien de 55 ans, directeur d’une société de conseil en entreprise, a ressenti le besoin d’une « rupture avec le quotidien ». C’est la lecture de la Bible qui l’a particulièrement nourri : « On y trouve des réponses à des questions existentielles, à travers les récits autour de la fraternité, de la capacité à surmonter la difficulté, à pardonner. » Laisser de côté l’accessoire pour se recentrer sur l’essentiel : Stéphane Longeot est bien décidé à renouveler l’expérience.

L’intérêt pour ces séjours auprès de communautés religieuses s‘explique aussi par le fait que pour les personnes plus éloignées de la religion, monastères et abbayes, qui sont pourtant souvent géographiquement isolés, peuvent néanmoins être perçus comme plus accueillants que les paroisses, explique Isabelle Jonveaux. « Il n’y a pas besoin d’avoir fait sa première communion pour participer pleinement aux offices », détaille-t-elle. La tradition d’hébergement dans les monastères, tout particulièrement pour ceux qui suivent la Règle de saint Benoît, est aussi le propre du monachisme, ajoute la sociologue : « Cela fait partie des valeurs chrétiennes d’accueil de celui qui vient. »


Une tradition qui peut toutefois créer de nouvelles difficultés pour les religieux et religieuses qui la vivent. Si les hôtelleries parviennent en général à absorber la demande, il leur faut veiller à ce qu’elles ne soient pas pleines en permanence, souligne Isabelle Jonveaux : « Il est nécessaire pour les communautés qu’elles préservent aussi le cadre du recueillement, propre à leur vocation de religieux retirés du monde. »

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