Témoignage d’oblate : Agnès (oblate de Ganagobie)
- Prière des Heures
- 11 juin
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1/ Quand quelqu'un te demande qu'est-ce cela change, d'être oblat bénédictin, quelles sont les premières phrases que tu lui dis ?
Etre Oblate est un sacré cadeau que le Seigneur m’a fait, car il m’a donné comme une colonne vertébrale dans ma vie de Foi. Je ne suis plus errante. En m’engageant dans l’oblature, j’ai reçu des frères et des sœurs avec lesquels je suis unie par la prière. Avec eux, j’ai reçu aussi, cette Règle qui me convient car je m’émerveille toujours de son équilibre. Loin d’être une contrainte, elle est source de libération car avec elle, j’ai découvert ce qu’est l’obéissance, que je n’avais jamais expérimenté auparavant. Et cette expérience a été une découverte fondatrice de ma reconnaissance de ma dépendance. Je la revendique désormais cette dépendance envers mon Bien-Aimé car Il me fait aller au-delà de tout ce que je pouvais désirer.
2/ Quel(s) évènement(s) important(s) t’a/t’ont conduit à demander l’oblature ?
J’avais lors de mon retour au sein de l’Eglise, l’appel fort de me donner à mon Bien-Aimé, mais je ne savais comment. Je ressentais aussi le besoin d’une pratique quotidienne pour alimenter ma vie dans le Seigneur. Alors je me suis laissée faire par lui, allant par ci par là, expérimentant différentes voies, les carmes, les claristes, certaines communautés, mais une petite voix à l’intérieur me disait : « Non, ce n’est pas là ». Jusqu’au jour où je suis tombée dans la librairie d’un monastère sur un petit livre bleu parlant des oblats bénédictins. Je l’ai acheté et une fois revenue à la maison, je l’ai lu et à chaque page, la petite voix me disait « C’est cela que je veux ! » Etrangement, le ciel venait de me donner comme père spirituel, un moine bénédictin, mais il ne m’avait jamais parlé des oblats donc j’ignorais jusqu’à ce mot ; « Oblat ». Je l’ai alors harcelé pour obtenir cette oblature tant il semblait avoir plaisir à ne pas répondre à ma demande afin d’augmenter mon désir. Heureusement ayant lu la règle, je savais que c’était un test et qu’il me fallait persévérer. Ce fut un vrai bonheur de la recevoir en la fête de la Transfiguration, deux ans plus tard. Quelques années après, j’ai réalisée que j’étais née le 9 mars, jour de la fête de Sainte Françoise Romaine, fondatrice des oblates Bénédictine, que je m’étais mariée le 21mars, fête de la mort de saint Benoît et que ma mère était née le 11 juillet, fête de saint Benoît. Je ne pouvais donc pas échapper à saint Benoît qui devait déjà veillé sur moi !
3/ Quel souvenir as-tu du jour de ton oblation ?
Ce qui m’a étrangement surprise, en plus du bonheur d’être donné à Lui, c’est de réaliser qu’en entrant dans cette communauté de frères, je bénéficiais aussi de toutes les grâces qui provenaient des bonnes actions faites par tous ces frères qui m’avaient précédée. Je n’en revenais pas du cadeau qui m’était fait ! J’appartenais désormais à une famille et j’en avais aussi désormais la responsabilité. Si j’avançais je les faisais avancer, mais si je reculais je les faisais reculer. Nous devenions interdépendants et j’en prenais conscience. Ora et Labora, unis dans la prière et le travail.
4/ Comment s’incarne concrètement dans ton quotidien cette vie d’oblat ?
Etant loin du monastère, c’est de m’unir par la prière aux moines et aux autres oblats. Quand je travaillais, je me réveillais souvent à cinq heures du matin, heure des matines au monastère. Je visualisais alors les moines et je leurs égrainais, par la pensée, le nom de tous les gens dont je m’occupais dans mon travail de délégué à la tutelle et pour lesquels je me sentais impuissante à résoudre les problèmes (alcoolisme, drogue, pauvreté, maladie mentale), je me retournais et me rendormais, confiante que c’était eux qui faisaient le travail par la prière. Et j’ai pu écrire au Père Abbé, lors de la Pentecôte suivante, tous les miracles arrivés grâce à leurs prières !
C’est là que j’ai expérimenté la communion des saints, nous sommes tous liés les uns aux autres en Dieu. Encore cette interdépendance dont je me réjouis, c’est notre richesse !
Aujourd’hui, je vis toujours de cette communion qui est facteur d’Espérance, de Foi et de Charité, cadeaux de dons de Dieu.
5/ As-tu un verset de la Règle ou d’un psaume qui t’habite tout particulièrement en ce moment ?
Un de mes psaumes préféré est le psaume 138 car il exprime tous les états d’âme.
Il y a un verset, qui ne me hante plus, mais qui m’a beaucoup aidée à un moment particulièrement difficile d’une relation dans ma famille. Voici ce verset du psaume 138, verset 22 :
« Je les hais d’une haine parfaite ».
Etant seule dans ma voiture, j’avais le besoin de crier ce verset pour me décharger de toutes les tensions. Il m’a servi de catharsis pour après, de nouveau, être en paix, la colère partie, louer Dieu dans le psaume 62.
« Dieu Tu es mon Dieu, je Te cherche dès l’aube, mon âme a soif de Toi… ».
Le sachant par cœur, il chante facilement en moi à toute heure du jour et de la nuit.
Fait à Gap, le 26 mars 2025
Agnès-Gypsy Delaty
Oblate du monastère sainte Madeleine de Ganagobie
Reconnaissante de l’adoption des Oblats de Pradines qui l’ont accueillie de nombreuses fois.
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