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Un champion de football devenu oblat

L'extraordinaire itinéraire spirituel d'un ancien champion de France de football

Guillaume Warmuz, ex-international de foot devenu aumônier, tel est le parcours de vie que nous conte André Décup.


Guillaume Warmuz. (©Facebook Rc Lens.)

Par Rédaction CahorsPublié le 12 déc. 2021





Ancien footballeur professionnel, Guillaume Warmuz a été champion de France avec le Racing Club de Lens. Aujourd’hui, son parcours de foi l’a conduit a s’engager en tant qu’oblat bénédictin.


« Si on m’avait dit il y a vingt ans que je serai responsable d’aumônerie dans un service de personnes âgées, je ne l’aurais pas cru ! » confie Guillaume Warmuz qui a arrêté les compétitions sportives à 37 ans en 2007, après 572 matchs professionnels et vingt ans de carrière.


Devenu dans les années 90 l’un des meilleurs gardiens de but du championnat de France de football, il a été sacré en 1998, champion de France avec l’équipe de Lens, club mythique où il restera dix ans.

Mais ni l’entraînement intensif ni l’adrénaline des soirs de compétition ne parviennent à assouvir sa soif spirituelle, sans doute héritée de ses années d’adolescence chrétienne. « Avec le foot qui a pris très vite une grande place dans ma vie, j’avais mis ma foi de côté. C’est une blessure à l’âge de 26 ans lors d’un match Lens-Montpellier qui m’a fait me relever de ce vide existentiel ».

Sa grave blessure au genou lui coupe littéralement les ailes. Avant une troisième intervention au ménisque, le chirurgien lui dit : « Peut-être que tu ne pourras plus jamais jouer au football ».

« Je me suis alors retrouvé à pleurer comme un enfant, à revenir à la prière et à demander à Jésus de m’aider pour que je puisse continuer ma carrière ». Ne sachant pourquoi il fait cette prière, il dit à Dieu « si l’opération se passe bien, j’irai me confesser » sur un coup de tête avant d’oublier aussitôt sa promesse, sitôt sorti en bonne forme de l’hôpital.


En 1996 une vie qui bascule

Après une expérience d’un an dans le club anglais d’Arsenal, puis deux ans passés à Dortmund en Allemagne, Guillaume Warmuz s’engage avec l’AS Monaco (2006-2007). C’est à cette période que lors d’une promenade en famille dans l’arrière-pays niçois, « je ne sais pas pourquoi au lieu d’aller tout droit sur l’autoroute, je tourne à droite et j’arrive à un petit sanctuaire que j’ignorais jusqu’à présent, Notre Dame de Laghet » (sur la commune de La Trinité dans les Alpes-Maritimes). Et là il décide de se confesser comme il avait promis. Remords, angoisse, lui, le footballeur international attend son tour sur un banc de bois.

« Ma vie a basculé ce jour-là... J'ai décidé de vivre pleinement les sacrements de l'Église »

Guillaume Warmuz


Ce fut un moment « déterminant » : « Ma vie a basculé ce jour-là… J’ai décidé de vivre pleinement les sacrements de l’Église ».

Quelques mois plus tard, il met fin à son parcours professionnel. Un footballeur pro ne devient pas forcément entraîneur, consultant ou reporter à l’issue de sa carrière. Lui, choisit un autre chemin, celui de la foi.

Dès qu’il a troqué les gants et raccroché les crampons, l’ancien sportif s’inscrit à une retraite spirituelle, cette fois-ci, chez les Bénédictins de l’abbaye de Flavigny en Côte-d’Or.

Bouleversé, il décide de s’engager comme oblat « pour vivre la règle de Saint-Benoît dans le monde ». « Ma première vocation reste d’être engagé comme époux et d’avoir un devoir d’état vis-à-vis de ma famille » tient-il à souligner.


Qu’est-ce qu’un oblat bénédictin ?


Fondé par Benoît de Nursie (480-547), l’Ordre bénédictin, qui a pour devise : « Prie et travaille », s’étend dès le VIIe siècle sur l’Europe entière. Les règles de saint Benoît ont alors un impact sur toute la civilisation européenne médiévale. En découlent de nombreux monastères aux activités agricoles, artisanales et artistiques.

Les oblats vont contribuer au charisme bénédictin. Un oblat est un chrétien-laïc qui souhaite vivre l’Évangile en plein monde en témoignant d’un esprit de charité, de bienveillance, de service et de respect de la Création.

Organisant sa vie de prière selon ses contraintes, il est affilié à une communauté monastique bénédictine sans prononcer les mêmes vœux que les moines mais en essayant de vivre selon l’esprit de saint Benoît et en recevant un accompagnement spirituel.

« Pour prendre une image de foot, les moines dans l’abbaye, sont l’équipe qui jouent sur le terrain et nous, les oblats, nous sommes avec le même maillot, leurs supporters hors du cloître, c’est-à-dire dans le monde » explique Guillaume Warmuz.


Un engagement dans la communauté bénédictine


Les oblats, partie intégrante de la famille bénédictine, sont 25 000 répartis à travers le monde. Le plus souvent, on devient oblat vers 40 ou 50 ans. Certains adhèrent bien plus jeunes. Lorsqu’ils se sentent prêts, ils s’engagent devant la communauté en expliquant les raisons de leur choix. Et participent avec les moines aux principales fêtes ainsi qu’à trois samedis de réflexion par an et à une retraite annuelle. Parmi les personnalités qui furent oblats bénédictins, citons : l’homme politique Robert Schuman, les écrivains Max Jacob et Paul Claudel, le philosophe Jacques Maritain, le général Jean-Louis Georgelin.


Aumônier auprès des personnes âgées


« Dans ce deuxième temps, nous participons avec Isabelle (son épouse) aux œuvres matérielles et spirituelles du monastère ». Aumônier dans un Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de sa Bourgogne natale (au Creusot en Saône-et-Loire), Guillaume Wamuz s’occupe de visiter les résidents, d’être à leur écoute, d’apporter les sacrements de l’Église aux personnes qui le souhaitent et de faire le lien si besoin, avec un prêtre.

« Voilà pourquoi, sans programme pré-établi, je me suis engagé de façon assez étonnante dans une responsabilité d’aumônerie, non pas parce que c’est un activisme dont j’avais besoin mais par la richesse d’échange entre ce que je peux donner et surtout ce que je reçois des personnes rencontrées ».

Hormis cet engagement, l’ancien portier garde toujours un pied dans le monde du ballon rond en organisant des stages de formation pour la jeune génération. De quoi avoir une vie bien remplie mais aussi comblée.

Et l’ancien gardien de foot de 51 ans ne cache pas un autre objectif : parvenir à évangéliser par le foot. « C’est une entrée formidable vers le respect et le décentrement de soi, insiste-t-il avec enthousiasme. Le sport peut aussi être un moyen de restaurer la confiance entre les adultes et les jeunes et notamment dans la relation père fils qui est tellement mise à mal de nos jours ».


ANDRÉ DÉCUP

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