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À l’abbaye du Port-du-Salut, des bénévoles s’apprêtent à succéder aux moines

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    Prière des Heures
  • il y a 4 jours
  • 3 min de lecture


Florence Pagneux, correspondante régionale à Nantes (Loire-Atlantique)

Publié le 18 octobre 2025


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Les moines de l’abbaye de Notre-Dame-du-Port-du-Salut à Entrammes, en Mayenne, transmettent, dimanche 19 octobre 2025, la responsabilité de leur abbaye à une équipe de bénévoles, en lien étroit avec le diocèse de Laval. L’équipe s’engage à mener des projets variés autour des notions d’accueil et de transmission.


« C’est toujours un moment difficile de partir après avoir vécu tant d’années dans cette abbaye, mais je suis très heureux du devenir des lieux, qui était une grande source d’inquiétude pour nous », confie Dom Gérard-Marie Meneust, 78 ans, l’un des six derniers moines de l’abbaye du-Port-du-Salut à Entrammes (Mayenne), installée dans un écrin de verdure au bord de la rivière. Confrontés, comme nombre de communautés religieuses, à une baisse des vocations – la dernière arrivée d’un frère, Marie-Joseph, remonte à quinze ans –, ils ont pris la décision de fermer leur chapitre général pour rejoindre d’autres abbayes cisterciennes, notamment celle de Cîteaux.

Ces religieux transmettent officiellement la responsabilité de leur abbaye ce dimanche 19 octobre, à l’issue d’une messe d’action de grâce, à une équipe de laïcs bénévoles, étroitement soutenus par le diocèse de Laval. L’épilogue de plus de deux siècles de présence religieuse ininterrompue.


Une longue histoire

L’abbaye d’Entrammes avait été la première de France à réaccueillir des moines, en 1815, après la Révolution française. À cette époque, les trappistes étaient partis en Suisse tandis qu’un groupe avait fondé un monastère en Allemagne, en Westphalie. Ce sont cinq à six frères de ce monastère qui se sont installés à Entrammes, dans un prieuré inoccupé du XIIIe siècle, offert par un noble lavallois qui avait trouvé refuge auprès d’eux outre-Rhin. « Quand on remonte encore plus loin dans l’histoire, jusqu’à l’époque romaine, c’est un endroit qui a toujours été habité par une présence spirituelle », souligne Dom Gérard.


Dans leur vie de prière et de travail, les moines se sont lancés dans la préparation de fromage pour valoriser le lait de leur ferme. Mais à la différence du camembert, qui se conservait peu, ils se sont inspirés des traditions hollandaises pour confectionner un fromage à pâte pressée, qui dure plus longtemps. C’est ainsi qu’est né le fromage du-Port-du-Salut, plus connu sous le nom de Port-Salut, dont la marque a été rachetée en 1959 par un groupe industriel (Bel). Les moines ont continué à fabriquer du fromage d’Entrammes (sans l’appellation Port-Salut) jusqu’en 1988 avant de se lancer dans la sous-traitance pour une entreprise de cosmétiques puis de se recentrer sur la centrale hydro-électrique de l’abbaye et leur petite boutique monastique.

Leur décision de transmettre les clés de leur monastère remonte à environ trois ans. Le temps de permettre à une équipe de bénévoles de penser la suite, à travers plusieurs groupes de travail. « L’avenir de cette abbaye est catholique et nous souhaitons rentrer dans l’esprit du lieu sans le dénaturer », assure Patrice de la Thaérdière, chef d’entreprise à la retraite et responsable du groupe de réflexion nommé par l’évêque de Laval pour assurer cette transition dans le respect des valeurs cisterciennes.


Une réouverture au printemps 2026

Le lieu, qui recevait passants et retraitants dans un cadre apaisant, va d’abord fermer pour plusieurs mois de travaux. Il rouvrira ses portes au printemps 2026 et perpétuera cette tradition d’accueil : voyageurs qui circulent à pied ou à deux roues sur la « Vélo Francette » toute proche, visiteurs en quête de quiétude et de spiritualité… Il leur sera possible de se rafraîchir et de se restaurer, de découvrir la boutique de l’abbaye (produits monastiques, artisanat local, livres et objets religieux) ou de dormir dans une hôtellerie de 40 chambres, qui fonctionnait déjà du temps des moines.


Les bénévoles prévoient aussi un accueil spécifique des familles qui auraient besoin de s’y ressourcer. Enfin ils projettent, pour la rentrée 2027, l’ouverture d’un Centre de formation pour apprentis (CFA) en lien avec l’enseignement diocésain et des entreprises locales (couverture, menuiserie, charpente…). « L’idée est d’offrir une formation éducative intégrale prenant en compte la tête, le corps et l’âme, précise le bénévole, qui prévoit d’accueillir ces jeunes, filles ou garçons, dans un internat attenant. C’est l’outil le plus adapté pour s’ouvrir à la joie de la quête spirituelle. »


Alors que l’abbaye conserve chacune de ses dénominations (salle du chapitre, cloître…), son prieuré pourrait prochainement accueillir une nouvelle communauté religieuse. « C’est une réflexion en cours avec notre évêque, précise le père Frédéric Foucher, vicaire général du diocèse. Un tel lieu ne se transforme pas en un jour et l’équipe souhaite avancer sur le temps long. » De quoi permettre à Dom Gérard de porter un regard serein sur le devenir du site. « Cela me donne confiance dans la Providence », confie celui qui s’apprête à « recommencer une nouvelle vie » dans l’abbaye cistercienne du Mont-des-Cats (Nord), là où il avait fait son noviciat…

 
 
 

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